jeudi 19 août 2010

Le malaise newyorkais













J'hésitais à m'exprimer sur le sujet controversé qu'est la construction d'une mosquée à deux blocs du célèbre site où se sont effondrées les tours du World Trade Center un certain 11 septembre 2001.

Le projet de construction est piloté par l'Imam Feisal Abdul Rauf, un musulman dit modéré qui dit vouloir rapprocher les religions et les musulmans américains. Bien évidemment, le sujet est rapidement devenu un débat politique polarisé entre deux extrêmes. Si l'on est en faveur du projet, on est celui qui relancera l'islam radical. Si l'on est en désaccord avec le projet, on est un raciste, fermé à la diversité culturelle et à la liberté de religion.

Dans le camp des «pour», on retrouve le maire de New York, Michael Bloomberg, le président Barack Obama (qui a toutefois rectifié plusieurs fois sa position) et dans le camp des «contre», on retrouve des personnalités comme Newt Grinrich, Sarah Palin ou Harry Reid, leader de la majorité démocrate au Sénat.

Je dois avouer que ma discussion avec des newyorkais en visite à Québec aujourd'hui a été un élément qui m'a motivé à m'exprimer sur le sujet et à adopter une position qui ne se situe pas aux extrêmes, mais qui se situe davantage dans la nuance. L'un des newyorkais rencontré était chauffeur de métro le 11 septembre 2001 et à 8h46, il se trouvait à quelques stations du lieu de la tragédie.

Je ne suis pas contre la construction d'une mosquée ou de n'importe lequel autre lieu religieux, que ce soit une église catholique, une synagogue juive ou un centre boudhiste. Je crois que la liberté de religion est une force de l'Occident qui la distingue de beaucoup de régimes du Moyen-orient qui ne permettent pas une telle diversité de pratique religieuse. Cependant, je dois avouer que le lieu et l'obstination du promoteur du lieu de culte à vouloir construire le centre à un endroit si près et si symbolique pour l'Occident en général et les États-Unis en particulier crée un certain malaise. C'est un peu ce que m'ont raconté les newyorkais lors de la discussion de ce matin. Loin d'évoquer les arguments démagogiques de républicains comme Sarah Palin, ils ont simplement spécifié que le lieu et le moment, 9 ans seulement après la tragédie, étaient drôlement choisis.

En terminant, deux questions pour appuyer l'idée que j'ai défendue. Est-ce que l'ouverture d'une mosquée près de Ground Zero est une menace pour la sécurité nationale américaine et une victoire des extrémistes sur l'Occident ? La réponse est probablement non. Est-ce que la construction d'une mosquée à Ground Zero est véritablement la meilleure idée pour réconcilier les musulmans américains et l'islam modéré avec le peuple américain en général sachant la sensibilité d'une telle tragédie dans la mémoire collective américaine ? Probablement pas non plus...